La vision limitée et fausse de la réalité qui caractérise le bas niveau de conscience de la victime explique pourquoi les nouvelles alarmantes d’un virus mortel ont réussi à terroriser si rapidement une grande partie de la population, bien qu’elles n’étaient basées sur aucune analyse sérieuse de la situation. Cela montre à quel point la plupart des gens sont crédules, conditionnés par des idées fausses et facilement manipulables. Et surtout dans les pays les plus riches, qui se considèrent aussi comme les plus civilisés, et qui furent les plus touchés par cette pseudo-pandémie, peu différente pourtant des grippes habituelles. Dans un sens, c’est inquiétant, dans le sens de la survie de la société matérialiste décadente dans laquelle nous vivons aujourd’hui, qui, depuis quelques décennies, se dirige de plus en plus rapidement vers un mur, ou vers sa propre autodestruction. Et cela, surtout dans les mêmes pays les plus riches, les plus civilisés et les plus puissants, qui contrôlent dans une certaine mesure les pays du tiers-monde. Il faut noter ici que les pays du tiers-monde, dont les habitants ont une vision de la réalité qui est encore basée sur le bon sens, un proche contact avec la nature et des valeurs ancestrales, communautaires et spirituelles, seront beaucoup moins touchées par des crises graves, comme ce fut le cas pour cette épidémie, et s’en remettront plus facilement et plus rapidement. Dans ces pays, le changement de paradigme nécessaire pour passer à un nouveau type de société pourra se faire par un retour temporaire à des modes de vie traditionnels qui sont encore très présents, non seulement dans la conscience collective mais aussi dans la vie quotidienne.

La situation est beaucoup plus difficile et complexe dans les pays occidentaux, parce que, depuis quelques siècles, la plupart des postulats, des valeurs et des narrations qui sont les fondements de la société sont basés sur des idées fausses qui ont profondément conditionné la population. L’analyse détaillée de ces idées fausses est un autre sujet. Mais ces idées fausses ont permis de créer un confort matériel et idéologique auquel les gens sont très attachés car ils le perçoivent comme une forme de sécurité, pourtant aussi illusoire que fragile, comme le montre la situation actuelle à ceux qui sont prêts à la regarder en face et à la comprendre. Cela signifie que pour passer à une nouvelle société, la période de transition sera beaucoup plus difficile. Il faudra tout remettre en question et tout changer, car les valeurs traditionnelles qui pourraient faciliter cette transition sont oubliées depuis trop longtemps, et les valeurs modernes qui ont créé les problèmes actuels seront incapables de les résoudre, car les solutions se situent à un autre niveau, un niveau que ne peuvent pas imaginer les experts, les technocrates et les scientifiques dont les idées limitées et trop souvent fausses dirigent le monde actuel.

Alors comment changer de paradigme et créer un nouveau monde ? Il semble qu’il y a deux possibilités. L’une est de détruire le monde actuel, et ensuite de reconstruire un nouveau monde sur ses cendres, pour ceux qui auront échappé à la destruction. C’est probablement la plus facile : il n’y a rien à faire, simplement laisser le monde continuer dans la même direction, celle de son autodestruction, sans apporter de changements importants. De nombreux scénarios existent, tous aussi effrayants les uns que les autres : ils ont largement inspirés le cinéma et la littérature depuis des décennies, et quelques événements réels, comme l’attentat du 11 septembre, les tsunamis et les cyclones, la disparition progressive de nos libertés et l’épidémie du Covid-19 en sont des avant-goûts. 

L’autre possibilité est la transformation progressive et non violente de la société. Cela demanderait un changement d’attitude profond et en même temps rapide de la part de ceux qui dirigent aujourd’hui la société et le monde, à tous les niveaux ; au niveau politique, bien sûr, mais surtout au niveau de ceux qui contrôlent la politique sur le plan économique, c’est-à-dire les super-riches et les grandes entreprises multinationales. Est-ce réaliste ? Certains disent que oui, si un complot de la lumière mettait fin aux agissements malveillants du complot de l’ombre. Même si on en parle depuis longtemps, on n’a pas encore vu d’actions concrètes. Pour ceux qui ne croient pas à la théorie des complots, il faudrait soit l’arrivée d’un messie, soit que le peuple reprenne son pouvoir, ou plutôt le prenne, car l’a-t-il jamais pris dans le passé d’une manière qui eût permis non de changer de régime mais de changer le monde ? Et en ce moment, un changement de régime ne fera pas l’affaire. Quand on voit comment le peuple a réagi à la crise du Covid-19, on peut sérieusement douter qu’il soit prêt à prendre le pouvoir, et surtout qu’il sache l’utiliser ensuite pour créer un nouveau monde, alors que la plupart des gens n’ont encore aucune idée de ce que pourrait être ce nouveau monde.

10 mai 2020, Khanom