CRÉER UN MONDE SPIRITUEL

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Le faire et l’avoir, ou l’être ?

794 Ombre et lumière

794 Ombre et lumière

Dans le monde actuel, les préoccupations essentielles de l’homme sont le faire et l’avoir, au détriment de l’être. Le faire et l’avoir sont des stratégies pour faire face au manque que ressent l’homme qui vit dans les bas niveaux de conscience. Il se sent séparé du tout, du monde extérieur, et s’imagine qu’il doit s’activer pour aller y chercher ce qui lui manque. C’est une activité effrénée et constante pour demander, chercher, acquérir, obtenir, prendre, voler, piller, mais aussi pour étudier, s’informer, apprendre. Et ce qu’il a réussi à s’approprier, il a l’impression de l’avoir, que cela lui appartient, que c’est sa propriété, et il s’efforce alors de le garder et de le protéger, non seulement d’éventuels prédateurs, mais aussi de la perte, de la destruction, de l’usure, et de la dégradation plus ou moins rapide, ou de l’obsolescence qui menace toutes les possessions matérielles. C’est bien sûr un objectif irréaliste puisque tous les objets du monde phénoménal sont impermanents, quant aux objets mentaux, les idées et les connaissances, ils sont menacés par l’oubli et les changements idéologiques qui les rendent obsolètes.

Le faire et l’avoir sont intimement lié au temps, au temps linéaire, le temps qui passe, du passé vers le futur en ignorant le présent. Comme le futur est inconnu et incertain, l’homme qui ne fait pas confiance au Plan divin pour lui procurer ce dont il a besoin dans le moment présent, qui est le seul où l’on a des besoins réels, s’active pour acquérir puis pour préserver ce dont il pense avoir besoin dans le futur. Le faire et l’avoir ont donné naissance dans notre système de société à des droits. Le faire au droit au travail et l’avoir au droit à la propriété privée, la propriété des biens mobiliers et immobiliers et la propriété intellectuelle. Ces droits sont toutefois très fragiles. Le chômage, la maladie et les accidents menacent le droit au travail ; le vol, l’expropriation, la taxation, les crises, les catastrophes naturelles et les guerres menacent le droit à la propriété privée. Même si des moyens sociaux comme les assurances, les rentes et retraites, les compensations et les subventions, semblent offrir une sécurité contre les imprévus, ils sont bien fragiles et sont à la merci des caprices et des intérêts des pouvoirs politiques et économiques.

Ainsi, tant que le faire et l’avoir seront nos moyens de survie, nous ne pourrons jamais vivre dans un monde de paix et de bien-être durables. L’agitation, le stress et l’inquiétude seront toujours présents.

L’être est très différent, c’est un état où le faire et l’avoir ont complètement disparu. Plus de manque, plus rien à chercher ni à acquérir, et plus rien à amasser ni à préserver. Plus de temps linéaire, car les souvenirs, les nostalgies et les regrets du passé ne sont plus des modèles pour appréhender et organiser un futur incertain. Nous pouvons enfin vivre pleinement, c’est-à-dire être dans l’éternel présent. Nous réalisons que tout ce dont nous avons besoin nous est spontanément offert par le Plan divin auquel nous faisons complètement confiance. Et d’ailleurs, nous avons de moins en moins de besoins. De quoi pourrions-nous avoir besoin quand nous sommes constamment dans la plénitude, la paix et la béatitude ? Quand quelque chose se présente, une réponse spontanée se manifeste, avec ou sans notre intervention, selon les cas. Il n’y a pas d’action ou d’effort, ce qui serait du faire, ni d’appropriation, qui serait de l’avoir, mais l’être, qui englobe toute chose dans son essence ou crée en exprimant une des infinies potentialités de lui-même. L’essence de l’être contient tout et peut s’exprimer sous toutes les formes possibles, qu’elles soient matérielles ou spirituelles, c’est en même temps l’omnipotence, l’omniprésence et l’omniscience de l’être divin que nous sommes. Dans cet état, toutes les contingences du monde et ses secteurs d’activités n’ont plus aucune raison d’être. Y chercher des solutions ne conduirait pas à un nouveau monde, mais à une nouvelle version d’un monde du faire et de l’avoir, avec ses limitations, ses imperfections et ses souffrances.

 

22 novembre 2020, Chiang Mai

Site créé par Pierre Wittmann
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